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Clément Leroy : en équilibre sur son vélo

Clément Leroy pratique une discipline un peu particulière: le vélo statique. Rencontre avec ce jeune Dunois plein d'idées et de projets plutôt originaux.
Qui êtes-vous ?
Je m'appelle Clément Leroy, j'ai 26 ans. Je suis psychologue cogniticien. Après avoir réalisé toute ma scolarité à Châteaudun je suis allé à Tours pendant quatre ans pour mes études puis une année à Dijon. J'adore voyager, rencontrer du monde, et faire du vélo !
Comment vous est venue l’idée de pratiquer le vélo statique et d’en vivre ?
J'ai rêvé une nuit que je savais faire du vélo en marche arrière. Du coup le lendemain matin j'ai sorti mon vélo, j'ai essayé, et je n'ai pas réussi ! Alors je me suis entraîné dans les petites rues de Crépainville, et après quelques mois j'étais capable de rouler à l'envers. En 2001, lors du Téléthon j'ai tenté de battre le record du monde d'un Canadien qui avait réalisé 50 km en marche arrière. Après 2 h 48mn et 8s j'ai franchi la ligne d'arrivée, j'étais allé plus vite que le Canadien ! Alain Venot avait fait le déplacement pour me voir.
Je me suis ensuite mis au monocycle. À Tours c'était mon moyen de transport. En fin de 4ème année d'étude j'ai voulu trouver un moyen de transport plus rapide. C'est là que j'ai découvert l'univers du pignon fixe.
Je me suis beaucoup investi dans la communauté et j'ai commencé à participer à des courses. Puis j'ai découvert qu'il existait un championnat du monde de coursiers à vélo. J'y suis allé en 2011, c'était à Varsovie. J'ai pu découvrir comment ça se passait. Puis en 2013 j'ai réussi à l'emporter sur l'épreuve qui m'était la plus chère : le sur-place !
J'ai été artiste de rue pendant un an de l'été 2012 à l'été 2013. Après avoir décroché ce titre je me suis dit que ça pouvait être intéressant de travailler sur un spectacle basé sur l'équilibre sur-place, avec l'énorme atout de pouvoir exporter le vélo dans des endroits insolites : dans des salons, des salles de réunion, des magasins, bref, partout !
Avec l'aide d'un ami professeur de théâtre, j'ai pu mettre en place un spectacle complet qui mêle ma vie, mes rêves et ce que je sais faire sur un vélo.
Le trackstand n’est pas une discipline très connue, comment arrivez-vous à convaincre les marques de vous soutenir ?
Justement la méconnaissance de la discipline attise la curiosité ! Tout le monde a un vélo, sait en faire, mais personne ne tient sur-place. Du coup comme je propose le spectacle dans les locaux de mes partenaires ils sont très heureux de pouvoir voir en vrai, de chez eux, la réalisation de ce spectacle un peu extraordinaire.
Dans votre aventure vers le Cap Nord vous proposiez un spectacle contre une nuit chez l’habitant, quelle était la réaction des gens lorsqu’ils vous découvraient derrière leur porte équipé de votre vélo ?
Il y avait tout un panel de réactions. C'était très drôle à vivre ! Il faut savoir que j'arrive à chaque fois avec le vélo sur l'épaule, déguisé en vieux motard, avec ma caméra à la main. Beaucoup étaient surpris, se demandaient ce qu'il se passait. Certains pensaient que mon vélo était crevé. J'ai aussi tout le temps ma coupe de champion du monde à la main quand je frappe aux portes, c'est un assemblage artistique de pièces de vélo (moyeu, dérailleur, pédalier…), certains pensaient que j'avais besoin d'outils pour réparer !
Après il y a les réactions moins drôles, les personnes qui vous font croire qu'elles ne parlent pas anglais juste pour empêcher le dialogue. Il y a celles qui vous disent "Ne vous inquiétez pas, mon voisin vous ouvrira la porte".
Ou celles qui vous mentent en prétextant "On n'est pas là ce soir".
J'adorais dire à celles-ci que je cherchais aussi un lieu où dormir le lendemain soir !
Enfin il y a tous ceux qui ont fait la magie de mon voyage, qui cherchaient à m'aider, à trouver une solution. Et lorsqu'ils me découvraient dans leur salon, déguisé en cycliste, c'était génial !
En quoi consiste votre nouveau projet ?
Mon nouveau projet s'intitule "Un vélo dans le salon + un saucisson !". Je vais faire un tour de France des plus petites communes et des communes aux noms insolites (Félines, Bourré, Montcuq, etc.) et tenter à chaque fois de jouer mon spectacle dans le bureau du maire, et si possible sur le bureau ! Et le soir j'irai frapper aux portes du voisinage, en tentant d'échanger mon spectacle et un saucisson, contre une nuit au chaud ! Je m'envolerai ensuite pour l'Australie pour participer aux championnats du monde de coursiers à vélo. Et mon objectif est bien entendu d'essayer de revenir avec la coupe de champion du monde de sur-place.
Quel est le but ?
J'adore mon pays, la France, et pourtant je le connais peu. Je vais donc le découvrir en passant dans les mairies et dans les campagnes.
Par ailleurs beaucoup de Français pensent que nous ne sommes pas accueillants. Je vais tenter de prouver le contraire en allant à la rencontre des habitants, en allant directement frapper à leur porte !
Et comme plein de personnes me soutiennent dans mes aventures, en échange je partage mon voyage via Facebook et mon site internet : www.UnVeloDansLeSalonPlusUnSaucisson.com
Pensez-vous recevoir le même accueil en France que dans les pays que tu as traversé pour arriver jusqu’au Cap Nord ?
Je pense que tout sera une histoire de région. Je pense qu'il m'arrivera de dormir dans ma tente mais comme il n'y a pas la barrière de la langue, ce sera facile d'exprimer mon besoin. Et je pense que je trouverai des gens joueurs assez facilement. La réponse en décembre !
Après votre tour de France quels sont vos projets ?
Pour le moment ce projet m'occupe à 100%, et j'aime bien ne pas trop me projeter. Je verrai bien où la vie me mène. Il y a seulement un an jamais je n'aurais pu imaginer ce que j'allais réaliser en 2014. Peut-être que j'essaierai de me poser, de vivre de mes spectacles. Je deviendrai peut-être psychologue ou photographe. Tout est possible. Je rencontrerai aussi peut-être une Australienne qui me donnera envie de rester là-bas !
Envisagez-vous de reprendre, un jour, votre métier de psychologue cogniticien ?
Oui, j'ai ça en tête, je me dis que je pourrais monter des conférences alliant équilibre, rêve et réussite. On m'a proposé du travail sur Lyon l'été dernier, donc je sais que si je souhaite me reconvertir c'est facile. Mais pour l'instant mon unique but est de vivre de ma passion, continuer à rêver. Et comme ça marche je ne suis pas prêt de lâcher !